Nouveau Contrat de Service Public de la SNCB : quels sont les objectifs en termes d’accessibilité ?
Le 23 décembre 2022, le Conseil des Ministres a approuvé le nouveau Contrat de Service Public (CSP) de la SNCB et le Contrat de Performance d’Infrabel pour la période 2023-2032. Pour rappel, le dernier CSP datait de 2008 et ne répondait donc plus suffisamment aux besoins des voyageurs.
Douze indicateurs de performance ont été fixés : parmi eux, l’information aux voyageurs et le nombre de gares intégralement accessibles. Ces indicateurs seront accompagnés d’un mécanisme de bonus/malus financier qui sanctionnera la performance annuelle de l’entreprise publique si elle ne respecte pas ses engagements. Le Contrat prévoit par ailleurs une évaluation intermédiaire des résultats à mi-parcours.
Ce que prévoit le CSP en termes d’accessibilité
Le CAWaB salue l’adoption, pour la première fois, d’une stratégie à long terme visant un accès en autonomie pour ses voyageurs.
Le CSP prévoit une harmonisation progressive des quais à 76cm, afin de les faire coïncider avec le matériel roulant et ainsi, viser une accessibilité de plain-pied.
En parallèle, les prochains achats de matériel roulant prévoient au moins une voiture avec un accès de plain-pied grâce à un dispositif permettant de combler la lacune (c’est-à-dire l’espace) entre le quai et le plancher du train.
Les nouvelles générations d’automates de vente prévus pour 2025 seront davantage accessibles : un interphone permettra de rentrer en contact avec un agent pour être éventuellement accompagné dans l’achat du titre de transport.
Les manquements
Même si nous saluons les points susmentionnés, d’importants manquements ont été constatés, notamment concernant le nombre de gares rendues accessibles en autonomie. En effet, alors que le Ministre annonçait ces derniers mois que 250 gares seraient rendues accessibles, l’objectif présent dans le contrat est réduit à 176 gares accessibles en 2032.
Cette annexe présente les constats suivants d’ici 10 ans :
- Parmi les 100 plus grandes gares, quatre sur 10 ne seront toujours pas accessibles ;
- Parmi les 455 petites gares, seules 115 sont accessibles, soit seulement un quart d’entre elles ;
- 67% des voyageurs auront accès à une gare accessible, pour 32% des gares accessibles.
- Un tiers des voyages seront effectués au départ d’une gare inaccessible.
Aussi, la réforme de l’assistance est encore floue et peu documentée. Et pourtant, ce service est indispensable, en attendant l’infrastructure et les trains accessibles en autonomie. D’ici 2032, seulement 20 gares supplémentaires offriront l’assistance aux voyageurs, alors que nous estimons que toutes les gares auraient dû la proposer ! De plus, la réservation dans les gares dites « accessibles » aurait dû être supprimée, tout en prévoyant que l’accompagnateur apporte cette assistance.
Enfin, de son côté, le Contrat de Performance d’Infrabel ne prévoit pas de débloquer des moyens humains en vue d’effectuer un suivi proactif de la mise en accessibilité de l’infrastructure.
En conclusion, même si le CAWaB salue la stratégie imposée par le nouveau CSP qui vise un accès en autonomie pour l’ensemble de ses voyageurs, il déplore la diminution importante du nombre de gares qui seront mises en accessibilité en comparaison avec les promesses de ces derniers mois. Il dénonce également l’absence d’une réelle offre d’assistance à l’embarquement, partout où l’infrastructure fait défaut en attendant cette mise à niveau des quais et de l’accessibilité des gares.
Par ailleurs, le nouveau contrat était l’occasion de formaliser la création d’un organe de suivi de la mise en accessibilité du réseau, composé de l’ensemble des acteurs impliqués (opérateur, gestionnaire de réseau, administration, cabinet, représentants des usagers et experts en accessibilité). Notre demande n’a malheureusement pas été entendue…
Crédit photo : CAWaB.
